La motricité libre, ça vous parle ?
Perso, c’est un sujet que j’ai découvert lors d’un stage en crèche lorsque j’étais à l’école de puéricultrice.
Et aujourd’hui il me tient à cœur de vous en parler. De plus, ce principe n’est pas hyper médiatisé et mérite vraiment d’être connu !
Saviez-vous que la motricité libre et le respect du rythme de votre petit bout sont 2 élements très important pour son bon développement ?
Oui oui oui, et c’est ce que je vous propose de découvrir dans cet article 🙂
Motricité libre : un concept d’Emmi Pikler
Vous vous demandez peut-être qui est Emmi Pikler ?
Alors voici son histoire en quelques lignes, histoire de comprendre le fruit de sa fameuse découverte !
Emmi Pikler est née à Vienne en Autriche, le 9 janvier 1902.
Elle a commencé sa carrière en tant que pédiatre dans un service de chirurgie… Et grâce à ses multiples observations, elle a fait une constatation :
Il y a beaucoup moins d’accidents domestiques graves chez les enfants de la campagne que chez les enfants de la ville !
Ok, et ou veut-elle en venir ?
🌸 Le concept de motricité libre selon Emmi Pikler
Le fondement de sa conviction
Suite à cette constatation, elle a fondé une conviction !
« Un tout-petit qui se déplace librement sans restriction est beaucoup plus prudent que ce soit pour gérer ses activités ou tomber sans risque…
Alors qu’un nourrisson limité dans ses mouvements et surprotégé, se met plus facilement en danger ! »
En fait, tant qu’il est sous une surveillance permanente, il ne développe pas certaines capacités motrices et se met plus facilement en danger.
Plus clairement, il n’a pas la capacité à connaître ses limites.
Emmi Pikler a aussi découvert que le tout-petit est un être compétent. Au fil de votre lecture, vous allez vite comprendre pourquoi 😉
Une approche éducative en faveur du respect du rythme
Une fois diplômée, la pédiatre est partie vivre à Budapest. Et là-bas, elle a ouvert son propre cabinet médical.
Que proposait t-elle aux parents ?
Elle proposait aux parents de laisser une totale liberté à leurs nourrissons dans leurs mouvements en leur accordant une attention particulière à l’épanouissement de leurs capacités innées.
Cette approche est ce qu’on appelle la motricité libre.
Quelle chouette pédagogie n’est-ce pas ? 🙂
La mise en place de la pédagogie d’Emmi Pikler
En 1947, elle a ouvert une pouponnière crée pour les Orphelins de guerre.
Ces enfants, privés de leur famille, ont connu une pédagogie innovante dans cet établissement où la sécurité affective avait une place prépondérante.
C’est donc en pouponnière que son approche éducative a été mise en place…
Les grands principes étaient la libre activité de l’enfant, son bien-être corporel, la qualité dans les soins prodigués, ainsi qu’une relation privilégiée avec l’adulte référent.
Cette pédagogie a permis à chaque nourrisson de se sentir chez lui et aussi de se sentir aimé et considéré en tant qu’une personne à part entière.
En fait, la pédiatreraisonnait en termes de qualité des soins et de soutien en prenant en compte le rythme de développement de chacun.
🌸 Les grands principes de la Pédagogie d’Emmi Pikler
La théorie de l’attachement
La théorie de l’attachement est la relation privilégiée qu’un enfant développe avec un adulte. En fait, cet adulte représente un référent pour l’enfant.
Bien souvent, la figure d’attachement primaire est la maman…
Puis dans un second temps, l’enfant développe aussi des liens d’attachements avec le 2e parents, les frères et sœurs ou toutes personnes qui prodiguent des soins à l’enfant.
C’est dans ses temps de soins, que l’enfant va puiser toute la sécurité affective et la prise de conscience de lui-même.
La motricité libre
La motricité libre c’est avant tout laisserà laisser une liberté dans ses mouvements !
Plus clairement, en le laissant libre cours à tous ses mouvements spontanés sans lui enseigner quelques mouvements que ce soit.
Ce qui signifie que le tout-petit n’a pas besoin de l’adulte pour expérimenter et apprendre de son environnement.
Le grand principe de la motricité libre, c’est vraiment de laisser faire l’enfant et de lui faire confiance.
Comment appliquer la motricité libre au quotidien ?
Emmi Pikler a constaté que les tout-petits développent des compétences innées, sans aucun apprentissage ni enseignement de l’extérieur.
🌸 Comment mettre en place la motricité libre ?
Eh bien, l’adulte reste auprès du nourrisson tout en l’observant attentivement. Cela constitue un vrai repère affectif pour lui et lui permet de se sentir valorisé et considéré.
En fait, le rôle de l’adulte est de l’accompagner, de le soutenir tout en lui apportant un cadre stimulant et sécurisant sans pour autant intervenir dans ses apprentissages !
Pratiquer la pédagogie Emmi Pikler, c’est accueillir l’enfant avec la conviction que d’emblée, il est compétent.
La motricité libre et l’activité autonome permettent à l’enfant de se construire à son rythme, à une condition…
La personne de référence qui s’occupe de l’enfant doit lui prodiguer des soins de qualité et nourrir cette relation à chaque moment.
Et en structure d’accueil, ça se passe comment ?
Par exemple, les professionnels de la Petite Enfance qui pratiquent cette pédagogie, accueillent l’enfant en mettant en place tout un projet d’accompagnement pour lui, en tenant compte de son histoire familiale.
Procéder de cette manière, c’est garantir la continuité la plus fluide dans les soins et l’attention que l’enfant va recevoir.
Ainsi, en dehors de ces périodes de sommeil, l’enfant est placé dans une situation qui favorise au maximum son activité.
Il est libre de ses mouvements et on le laisse faire comme il le sent, pour qu’il acquière la maîtrise de son corps.
Expérimenter la motricité libre avec un bébé
Je vais vous raconter une expérience de motricité libre vécue auprès d’un bébé lors de mon stage en crèche.
En fait, pour un nouveau-né, la motricité libre consiste à être allongé sur le dos, sur un tapis ferme et confortable.
Cette position reposante lui permet d’être libre de son corps et de ses mouvements.
L’histoire de la petite Camille
Avec l’auxiliaire de puériculture, nous avons expérimenté avec la petite Camille, âgée de 3 mois et demi.
Nous avons installé Camille sur le dos, puis nous avons mis des jouets autour d’elle. Il y avait donc des jouets à sa portée.
Des jouets choisis avec soin afin de solliciter et de stimuler son activité motrice de manière indirecte.
Bien sûr, nous avons tenu compte de ses possibilités et de l’évolution de son intérêt. Nous avons aussi fait en sorte de créer un environnement ordonné et épuré de façon à ce qu’il n’y ai pas trop de distraction dans la même pièce.
À votre avis, que s’est-il passé ensuite ?
Eh bien, la petite fille a tout de suite été attirée par les objets…
L’idée était vraiment d’intervenir seulement si Camille se retrouvait en difficulté.
Eh oui, lorsqu’on applique le principe de la motricité libre, l’adulte n’intervient qu’après avoir laissé le temps au tout-petit d’expérimenter seul.
C’est vraiment grâce à une observation attentive qu’il est possible d’analyser le comportement du nourrisson.
Et ainsi, de faire évoluer l’aménagement de l’espace, afin de mettre à disposition de l’enfant ce dont il a besoin.
Que penser du portique d’éveil ?
Certains parents optent pour le portique d’éveil.
Clairement, ce n’est pas hyper adapté pour le développement de la motricité libre car les objets sont juste au-dessus de la tête du bébé…
Conséquence ?
Cela ne l’incite pas à explorer ce qu’il y a autour de lui. Ses yeux vont rester river sur le portique et il y a de fortes chances qu’il regarde uniquement en l’air au-dessus de lui.
Alors que le fait de regarder sur le côté, c’est bien pour les étapes de son développement.
Eh oui, car en tournant sa tête de droite à gauche, puis de gauche à droite, cela l’aidera par la suite à se tourner sur le ventre, puis de repasser du ventre au dos…
L’importance du respect du rythme
Lors de l’apprentissage de la marche, la plupart des bébés se cassent la figure au départ…
Puis ils finissent par comprendre comment se relever !
Je me souviens de voir un petit bout à la crèche, se relever à l’aide d’un mur. Il poussait fort sur ses jambes pour essayer de reprendre son équilibre.
Comme je vous le disais, c’est vraiment en expérimentant que l’enfant apprend.
Pour vous donner un autre exemple, certains parents placent leur nourrisson en position assise, alors qu’il n’est pas encore capable de se retourner sur le ventre.
Et il faut avouer que cette pratique n’est pas forcément idéale pour lui permettre de suivre toutes ses étapes de développement.
Selon Emmi Pikler, il n’y a pas forcément un âge pour chaque étape de développement, mais plutôt un ordre bien établi de chaque étape…
Chaque enfant à son propre rythme qu’il est important de respecter.
🌸 L’importance des interactions quotidiennes
Le temps de soin
Lors du bain, du change ou du repas, l’adulte doit pouvoir entrer le plus possible en relation avec l’enfant.
Eh oui, car c’est dans ces temps de soins que l’enfant va puiser toute la sécurité affective et la prise de conscience de lui-même qu’il pourra mettre à profit plus tard.
Alors, c’est à nous, parents, professionnels ou toutes autres personnes s’occupant des enfants de leur offrir des temps de soin de qualité.
L’idée étant de toujours préserver ou susciter le plaisir du tout petit et de favoriser son autonomie.
Ainsi, il va de soi que l’enfant n’est jamais traité comme un objet, mais comme un être à part entière qui ressent des émotions, observe ce qu’il se passe et mémorise.
C’est pourquoi, il est bon de conserver une certaine routine et une régularité dans les soins sans bousculade et sans être interrompu.
Eh oui, car à travers chaque échange, c’est une relation de confiance qui s’installe entre l’adulte et l’enfant.
La construction des liens d’attachement
C’est grâce aux temps de soin qui vont permettre au tout-petit de différencier la personne de référence, qui va chaque jour lui donner son repas, le coucher pour la sieste, le change, tout en construisant une relation affective avec elle.
L’attachement est un moyen essentiel pour l’enfant de développer la sécurité à affective qui lui permettra d’évoluer vers une autonomie réelle.
Eh oui, le développement psychomoteur est programmé, il se déroule spontanément dans un ordre donné et l’enfant n’a pas besoin de l’intervention d’un adulte pour apprendre la maîtrise de son corps.
Pour Emmi Pikler, le bébé est acteur de son développement, et chaque enfant progresse à son propre rythme !
Le bébé explore et découvre son corps et son environnement. Il apprend de lui-même et par lui-même.
Les apprentissages du tout-petit passe essentiellement par le jeu et la découverte. Alors, en plus d’être acteur de son développement, il prend aussi du plaisir.
Et c’est grâce à ces multiples plaisirs qu’aura lieu son bon développement moteur, intellectuel et affectif.
Ainsi, les parents ne doivent pas apprendre la motricité à leur enfant. Mais ils ne doivent pas non plus l’abandonner et le laisser évoluer seul.
L’adulte se doit d’être respectueux et présent pour le soutenir et l’encourager grâce à la parole, aux regards…
La sécurité affective est essentielle pour développer des liens d’attachements sécurisants. En fait, la relation se construit sur le respect et la confiance mutuelle.
Ne pas parler à un enfant, c’est nier sa qualité de sujet. Alors, une relation basée sur la parole est essentielle.
🌸 Quelques mots pour conclure…
Emmi Pikler est décédé le 6 juin 1984 à Budapest à l’âge de 82 ans. Cette pédiatre d’origine Hongroise aura fait fortement évoluer le regard des professionnelles sur la petite enfance !
J’espère que cet article vous a éclairé sur l’importance d’appliquer la motricité libre avec votre petit bout.
Bien sûr, n’oubliez pas que chaque enfant évolue différemment et à son propre rythme.
Par exemple, certains enfants vont se mettre assis à 6 / 7 mois, d’autres ça sera plus tard…Eh oui, entre ce qu’il y a écrit dans les livres et la réalité, il y a parfois (souvent !) un décalage.
Chaque enfant est différent et c’est vraiment important de lui faire confiance et de l’encourager dans toutes ces étapes de développement.
En le laissant évoluer naturellement, cela l’aide à progresser plus facilement.
Alors, je vous encourage pleinement à avoir confiance en votre tout-petit. Ainsi, il percevra votre confiance, ce qui lui donnera encore plus de force pour avancer.
Pour aller plus loin…
Site Web : Association Emmi Pikler
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Merci pour cet article! Je pratique la motricité libre avec mes enfant depuis qu’ils sont naît et cela leur a vraiment permis de se développer naturellement et à leur rythme! En leur accordant notre confiance et en les accompagnant simplement d’un regard bienveillant ils prennent confiance en eux et progressent un peu plus chaque jour dans leurs acquisitions cognitives et psychomotrices! Cela leur permet aussi de gagner en autonomie et de s’épanouir pour bien grandir!
Hello Aline, merci pour ton témoignage 🙂 La motricité libre est vraiment intéressante comme approche !
Merci pour cet article! C’est un sujet qui devrait être connu de tous! J’encourage les parents à pratiquer cette approche.
Tout à fait, on essaie chacun à notre niveau de sensibiliser les parents à la motricité libre !
Merci Sophie pour ce bel article très complet et bien documenté ! En effet, la motricité libre est une approche très intéressante que j’ai pratiqué avec mes 2 enfants. Aujourd’hui, ils sont tous les 2 très dégourdis, mais dans la mesure car ils restent prudents !
Bonjour Mélanie, merci pour ton témoignage 🙂
Article très intéressant et vraiment complet. A l’époque où mes enfants étaient nourrissons je ne connaissais pas le principe de la motricité libre mais je pense l’avoir appliquée de façon instinctive, j’adorais passer du temps à proximité d’eux, juste à observer quel jouet les attirait le plus ce jour là. J’avoue on avait aussi le fameux portique avec les jouets qui pendouillent dont un petit miroir en plastique, j’adorais voir mon plus grand l’attraper et se faire des bisous! 😉
Merci pour ce blog!
Merci Sophie pour ce témoignage, certaines pratiques se font naturellement comme tu dis sans en connaître précisément le concept.
Merci pour ce bel article 🙂 . C’est vrai qu’en tant que maman, il est parfois difficile de laisser bébé libre de ses mouvements par peur qu’il se fasse mal. On a tendance à le sur-protéger (c’est mon cas .. Loll), mais je m’efforce de faire mieux et prendre sur moi au fil des jours 😉 .
Bonjour Nathalie, je peux comprendre, petit à petit la confiance va s’instaurer 🙂